Tire sur tous ceux qui logent dans ta mémoire !

Le dernier conseil d’un sage

J’en ai assez de la poésie, et caetera,
des rêves, etc,
de la patience, etc,
des embûches de l’héroïsme, etc,
des gens, etc,
de la culture du droit, etc,
assez du ciel et de la terre.

Je vais partir et fabriquer des proverbes.
Des proverbes du genre :
      « Même parvenu en haut de l’échelle,
        le petit reste petit ».
Du genre :
      « Ne souris pas à une tête de pute ! »
        (celle d’un homme ou celle d’une femme)
Du genre :
      « Veille à ton aujourd’hui comme si tu étais déjà mort,
        et à ton au-delà comme si tu allais vivre à jamais ».
Du genre :
      « Essaie d’abord la mort,
        puis ose la vie ».
Du genre :
      « Même si tu es trop faible pour te tenir debout,
        n’obéis pas à la volonté du Seigneur, Ton Père ».
De n’importe quel genre.

Faute de ces proverbes pleins d’éloquence et d’utilité,
je ne pourrai songer qu’à une seule et très brève exhortation :
      « Si se ferment toutes les fenêtres, les âmes, les maisons, les hommes, se ferme Dieu,
        alors cherche le trafiquant d’armes le plus proche,
        achète un fusil (vieux, pas cher)
        et tire sur tous ceux qui logent dans ta mémoire !
        Alors, alors seulement,
        te viendra le secours ».

Je suis un sage… Tu as mon conseil.

25.10.2012

Nazîh Abou Afach, Laissez respirer la terre, éditions Alidades